Tous les menteurs pathologiques ont un but, c’est-à-dire décorer leur propre personne, raconter quelque chose d’intéressant, et un motif d’ego est toujours présent. Ils mentent tous sur quelque chose qu’ils souhaitent posséder ou être (Healy et Healy, 1915, p. 16).
Le mensonge est un phénomène humain courant dans lequel une personne cherche à tromper pour éviter des conséquences néfastes ou inconfortables. Dans pseudologia fantastica, forme pathologique de mensonge, le patient ne ment pas pour éviter des conséquences douloureuses mais plutôt pour obtenir une récompense ou une gratification interne.
Le psychiatre Anton Delbrük (à gauche), qui a décrit pour la première fois la pseudologia fantastica, est assis avec des collègues devant le célèbre asile de Burghölzli en Suisse, vers 1900.
Source: domaine public
Décrite pour la première fois par le psychiatre allemand Anton Delbrük en 1891, la pseudologia fantastica a été conceptualisée à la fois comme un trouble psychiatrique distinct et comme un symptôme de trouble de la personnalité. Le DSM-5 considère le syndrome comme une caractéristique des pathologies de caractère narcissique, antisocial et histrionique, ou comme une forme de trouble factice (American Psychiatric Association, 2013).
Alors qu’il peut être difficile pour le psychothérapeute ou le psychiatre de détecter le mensonge ordinaire, pseudologia fantastica ne nécessite souvent aucune compétence particulière de détection du mensonge de la part du clinicien; les mensonges racontés dans ce contexte sont souvent extravagants, fantastiques, voire impossibles. Je me souviens d’un patient narcissique qui m’a dit qu’il figurait sur la liste Forbes 400 des Américains les plus riches depuis des années – un mensonge facilement réfuté par une recherche rapide sur Internet.
Thom, Teslyar et Friedman (2017) décrivent un cas d’urgence dans lequel un patient sans-abri chronique a affirmé avoir été professeur titulaire de mathématiques et de physique, joué au football de division I, être rédigé par la Ligue nationale de football et perdu plusieurs membres de sa famille pendant enfance. Toutes ces affirmations ont été réfutées via des informations collatérales.
Gogineni et Newmark (2014) décrivent les principales caractéristiques de pseudologia fantastica comme suit:
Une tendance marquée à mentir. Les mensonges normaux sont souvent des tentatives défensives pour éviter les conséquences. Dans ce trouble, le patient éprouve un «high» de sa narration imaginative. Les mensonges ne sont pas le résultat d’une pression immédiate ou d’un stress, mais sont continus.
Les mensonges sont assez éblouissants ou fantastiques. La fluidité imaginative des mensonges a tendance à attirer l’attention du public, du moins à court terme. Les mensonges peuvent avoir des éléments véridiques, mais sont souvent improbables.
Ces mensonges ont tendance à présenter le patient atteint de pseudologia fantastica sous un jour positif. Les mensonges ont une motivation interne (intrapsychique) plutôt qu’externe.
L’âge moyen d’apparition de pseudologia fantastica est de 16 ans, mais l’âge moyen pour la déclaration initiale est de 22 ans. Dans 40 pour cent des cas, il existe des antécédents d’anomalie du système nerveux central (King et Ford, 1988). Comme indiqué ci-dessus, le syndrome se manifeste souvent dans le contexte d’une perturbation plus large du fonctionnement de la personnalité.
Théories psychodynamiques
La psychanalyste polonaise américaine Helene Deutsch (1982) a conceptualisé la pseudologia fantastica comme une tentative inconsciente d’améliorer l’estime de soi, de développer un sentiment d’autonomie et de promouvoir l’admiration des autres. Psychodynamiquement, on peut dire que les mensonges reflètent un mécanisme de défense primitif contre les affects douloureux et servent non seulement à rejeter la réalité, mais aussi à créer une nouvelle réalité qui permet l’accomplissement des souhaits.
De même, le psychanalyste Charles Dithrich (1991) a suggéré que les mensonges fantaisistes et imaginatifs racontés dans pseudologia fantastica sont utilisés dans une tentative de se maintenir suffisamment bien malgré les conflits à ce sujet. Souvent, les mensonges présentent le patient comme un héros, un champion ou une victime. Cela reflète la tentative inconsciente du patient d’attirer l’attention et l’admiration de l’auditeur, servant à égayer l’image que le patient se peint de lui-même dans son propre esprit.
Le degré de croyance du patient en ses mensonges existe souvent à mi-chemin entre la rêverie et l’illusion. Conceptuellement, les histoires fantaisistes du patient sont analogues à la fantaisie, satisfaisant le besoin psychologique d’améliorer et de maintenir l’estime de soi. Pour cette raison, Deutsch (1982) a qualifié le mensonge de pseudologia fantastica de «mensonge fantastique» et de «rêverie communiquée en tant que réalité» (p. 373).
Les patients atteints de Pseudologia fantastica admettent rarement ces motifs psychologiques de mentir (par exemple, pour améliorer l’estime de soi, en tant que forme de réalisation de souhaits, etc.), une indication que le phénomène est inconsciemment conduit, ce qui le différencie des autres formes non pathologiques. de mentir.
Traitement
La psychothérapie est le traitement de choix pour la pseudologia fantastica. Les interventions pharmacologiques ont peu de chances de réussir, bien qu’elles puissent être utiles pour améliorer les symptômes comorbides. La méthode particulière de psychothérapie dépend largement du contexte diagnostique du mensonge et de la psychopathologie sous-jacente ou comorbide.
En raison de la nature inconsciente de la maladie, un problème fréquent rencontré dans la psychothérapie de pseudologia fantastica est l’incapacité du patient à reconnaître sa difficulté à dire la vérité. Le psychothérapeute doit veiller à écouter sans critique et sans remettre en question la véracité des histoires du patient. Cette position sans jugement peut, en soi, diminuer le besoin de dire des mensonges. Cela facilite également un environnement de détention dans lequel un sentiment de soi peut se développer (voir Ogden, 2004).
Conclusion
Pseudologia fantastica peut être différenciée du mensonge ordinaire sur la base de sa motivation intrapsychique. Sa nature inconsciente nécessite une psychothérapie centrée sur la compréhension des origines du mensonge dans le contexte de la psychologie plus large du patient.